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Fin des bloqueurs de puberté pour les mineurs : l’Angleterre revoit sa prise en charge de la dysphorie de genre

Fin des bloqueurs de puberté pour les mineurs : l’Angleterre revoit sa prise en charge de la dysphorie de genre

Le 12 mars 2024, après examen d’une consultation publique et face aux nombreuses inconnues et préoccupations soulevées par une étude indépendante, le service de santé britannique (NHS) a officiellement annoncé que les bloqueurs de puberté ne seraient plus dispensés systématiquement comme traitements de la dysphorie de genre chez les mineurs*. À l’heure actuelle, « il n'y a pas suffisamment de preuves de l'innocuité ou de l'efficacité clinique » de ces traitements a déclaré le NHS.  

En 2021-2022, il y a eu plus de 5 000 demandes de prises en charge au service de développement de l’identité de genre (GIDS) géré par le Tavistock and Portman NHS Foundation Trust (contre 250 en 2011-2012). Face à cette recrudescence de cas, le NHS a demandé au docteur Hilary Cass, ex-présidente du Royal College of Paediatrics and Child Health, de mener une étude indépendante sur les services de genre pour les mineurs. En 2022, un rapport provisoire issu de cette étude mettait déjà en garde sur les dangers à prescrire systématiquement des bloqueurs de puberté car leurs effets à long-terme sur la santé physique et psychique des mineurs sont inconnus.  

Le rapport mentionne notamment le fait que ces traitements, en entravant le processus habituel du développement psychique et sexuel, pourraient enfermer les mineurs dans une décision impossible à prendre, ne leur laissant pas d’autre choix que la poursuite de traitements médicaux lourds. Une étude menée aux Pays-Bas et citée dans le rapport montre que la quasi-totalité des enfants et des jeunes sous bloqueurs de puberté poursuivent avec un traitement hormonal sexuel (96,5%). En les coupant de l’environnement psychologique, physiologique, neurochimique et sexuel qui accompagne les poussées d'hormones à l'adolescence, ces traitements pourraient avoir un impact sur la maturation et le développement cognitif des enfants et adolescents. Ceci interroge quant à la possibilité pour ces mineurs de faire un choix réellement libre et éclairé. Enfin, parmi les effets secondaires des bloqueurs de puberté, l’étude mentionne une réduction à court terme de la densité osseuse. Quant à l’impact musculosquelettique à long-terme, les données manquent encore.  

Face à ces constats, le service de santé britannique a demandé la fermeture du service de développement de l'identité de genre du Tavistock and Portman NHS Foundation Trust pour le 31 mars 2024. Le NHS a également commandé une étude clinique axée sur les enfants qui présentent une dysphorie de genre afin de leur offrir une meilleure prise en charge. Cette étude permettra aussi d’éclairer la prise de décision des mineurs et de leur famille lorsqu’il s’agit d’interventions susceptibles d’entraîner des conséquences à vie.   

 

*En Angleterre, on utilise la triptoréline pour les mineurs qui veulent changer de genre. À l’origine, cette hormone dispose d'une autorisation de mise sur le marché pour le traitement du cancer de la prostate, de l'endométriose et de la puberté précoce. En 2014, cette hormone a commencé à être donnée aux enfants et adolescents manifestant une dysphorie de genre et ce, sans que soit démontrées cliniquement son efficacité et sa sécurité pour ce type d’affection. Le traitement empêche la libération spontanée de deux hormones induisant la puberté, l'hormone de stimulation folliculaire (FSH) et l'hormone lutéinisante (LH) de l'hypophyse afin de retarder le développement des caractères sexuels secondaires (notamment la mue, la pilosité chez les garçons, le développement de la poitrine ou les cycles menstruels chez les filles).  

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