Euthanasie et sens de l’existence humaine. Une contribution philosophique à l’éthique

Auteur / Source : Publié le : Thématique : Fin de vie / Euthanasie et suicide assisté Études Temps de lecture : 13 min.

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Choix de société ou problème de santé publique, marque d’autonomie ou refus de la vulnérabilité, l’euthanasie ne cesse d’interroger l’être humain sur sa propre condition. En ce sens, et comme le souligne Éric de Rus* dans cette étude, l’euthanasie est d’abord une question philosophique de l’être humain qui se questionne sur « le sens et la valeur de son existence et sa mise à l'épreuve par la souffrance ».

Dans son étude, Éric de Rus revient en détail sur les deux principales motivations qui conduisent à revendiquer l’euthanasie : la libre disposition de soi et la prise en compte de la souffrance. L’auteur éclaire ces motivations en rappelant le contexte dans lequel elles ont émergé : une société « dominée depuis des années par une appréhension à la fois individualiste et restrictive de l’autonomie » mais aussi « par une conception hédoniste de l'existence, où la mort et le mourir sont perçus de façon univoque comme un échec ». Dans ce contexte, l'euthanasie se présente comme « l'expression positive de l'exercice de la liberté », liberté qui, pour être respectée, implique que l’euthanasie soit présentée comme un « acte compassionnel ».

Les mots ayant parfois la force des actes, on désigne déjà en France l’euthanasie par l’expression « aide active à mourir » qui englobe l’assistance au suicide et l’euthanasie. Éric de Rus invite à interroger cet euphémisme qui assimile l’euthanasie à une aide, et conduit à penser que « donner la mort » pourrait constituer une forme de soin. Au contraire de l’euthanasie qui programme la mort, l’auteur rappelle qu’aider quelqu’un à mourir, c’est l’accompagner dignement et ce, « jusqu'aux derniers moments de sa vie ». De la naissance à la mort, nous sommes des êtres de relation marqués par la vulnérabilité et capables d’interdépendance. Éric de Rus nous invite alors à revisiter l’autonomie à la lumière de cette condition de chaque être humain, en considérant l’autonomie non plus comme « le pouvoir de disposer de sa vie comme une propriété », mais comme une « capacité (…) à être le sujet de son vivre jusqu'à son terme naturel ». Ainsi, l’autonomie demeure possible et même nécessaire à préserver chez le malade qui peut l’expérimenter jusque dans sa dépendance même.

 

Propos recueillis auprès d’E. de Rus le 3 mai 2023.

*Éric de Rus est agrégé et docteur en philosophie, qualifié aux fonctions de maître de conférences. Ses publications concernent la pensée d’Edith Stein, l'éthique, la démarche artistique et la quête spirituelle, ainsi que la poésie.

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