Dans un arrêt déterminant pour le Royaume-Uni mais dont l'impact pourrait s'étendre bien au-delà de l'île, la Haute Cour de Londres a exprimé ses doutes quant à la capacité de consentement d'un mineur aux traitements ayant pour effet de bloquer sa puberté. En l'occurence, est mise en cause la clinique Tavistock and Portman NHS Trust, et son Service de Développement d'Identité de Genre, qui prend en charge des enfants vivant une « dysphorie de genre » (i.e. qui ne s'identifient pas au sexe de leur naissance). Les médecins de ce centre auraient prescrit des bloqueurs de puberté à des enfants dont certains âgés de 10 ans.
La Cour n'a pas souhaité s'exprimer sur les effets négatifs de tels traitements - de plus en plus documentés d'ailleurs -, mais uniquement sur la capacité des enfants à y consentir. Elle déclare que, pour qu'un enfant puisse validement donner son consentement à ces traitements, il faut que celui-ci puisse comprendre et sous-peser les informations telles que :
- Les conséquences immédiates du traitement au niveau physique et psychologique ;
- Le fait que la grande majorité des patients qui prennent des bloqueurs de puberté ont ensuite recours à des hormones du sexe opposé et sont, par conséquent, sujets à des interventions médicales ;
- Le rapport entre la prise d'hormones du sexe opposé et la chirurgie consécutive, avec les implications de telles opérations chirurgicales ;
- Le fait que les hormones de sexe opposé peuvent entraîner une perte de fertilité ;
- Les conséquences de ces traitements sur des relations futures et pour toute la vie ;
- Le manque actuel de connaissance sur les conséquences de la prise de bloqueurs de puberté pour le corps et la croissance ;
- La grande incertitude qui demeure quant à l'efficacité de ces traitements.
La Cour considère, compte tenu de toutes ces informations qu'elle estime essentielles à la décision de l'enfant, qu'il est « fort peu probable qu'un enfant âgé de 13 ans ou moins soit compétent pour consentir à l'administration de bloqueurs de puberté. » Pour les enfants de 14 et 15 ans, elle « doute » que ceux-ci puissent comprendre et peser les risques et les conséquences à long terme de ces traitements. Enfin, en ce qui concerne les jeunes de 16 et 17 ans, la Cour préconise qu'une autorisation lui soit demandée par les médecins avant de prescrire ce type de traitement.
On ne peut que souligner l'importance de cet avertissement dans un contexte - en particulier pour le monde anglo-saxon - d'engouement croissant que suscitent les enfants et les adolescents transgenres. La journaliste américaine au Wall Street Journal, Abigail Shrier, a publié en juin 2020 une enquête sur ce phénomène qui touche particulièrement les jeunes filles. "Les 'influenceurs' en ligne jouent un grand rôle dans la propagation du sentiment de malaise vis-à-vis de son propre corps, et encouragent l'idée selon laquelle n'importe quel symptôme d'échec à être parfaitement féminine signifie qu'une fille est probablement transgenre", écrit-elle dans une interview donnée au Figaro le 16 décembre 2020.
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