Depuis l'arrêt An NHS Trust et autres c. Y de la Cour Suprême au Royaume-Uni de juillet dernier, le médecin et la famille d'une personne en état végétatif peuvent convenir que l'arrêt de l'hydratation et de l'alimentation du patient sont dans son meilleur intérêt, et provoquer sa mort sans l'aval d'un juge. Le Conseil Général des Médecins (General Medical Council) vient de publier ses directives en la matière.
L'arrêt de soins concerne des patients encore éveillés mais dans un état permanent d'inconscience et ceux qui sont dans un état de conscience minimale. L'avis d'un deuxième médecin est généralement requis, sauf si le patient est à quelques jours ou heures de la mort. En cas de désaccord entre le médecin et les proches, le juge tranchera. Il se peut donc que le patient, non obstant l'opposition de sa famille, soit privé d'hydratation et d'alimentation.
Cette décision prend sa source dans un arrêt de 1993, où la Cour a qualifié l'alimentation et l'hydratation artificielle de traitements médicaux. Le médecin et les proches du patient pouvaient dès lors demander à un juge d'autoriser l'interruption de ces « traitements, cet arrêt de l'hydratation et de l'alimentation ayant pour effet quasi-immédiat d'entraîner la mort du patient. (Voir Bulletin de l'IEB)
Or, l'hydratation et l'alimentation sont des soins de base qui, au même titre que l'hygiène corporelle, répondent à un besoin énergétique fondamental de tout organisme, qu'il soit sain ou malade. Ils doivent en principe, être assurés, sauf contre-indication médicale fondée, lorsque la personne ne peut y pourvoir par elle-même et que les nutriments peuvent être assimilés correctement. C'est pourquoi, priver un patient de ces soins de base peut parfois être assimilé à un acte d'euthanasie. Les traitements quant à eux, sont des actes médicaux destinés à combattre la progression d'une maladie, voire à restaurer la santé. (Dossier : Repères éthiques pour accompagner une personne en fin de vie).
Le Dr Peter Saunders, directeur de la campagne Care Not Killing en Grande-Bretagne, qualifie cet arrêt de pente glissante, et les décisions qu'il entraînera, d'euthanasies déguisées : « Ce sont des personnes avec des lésions cérébrales, qui ne sont pas progressives. Certains d'entre eux peuvent montrer une amélioration. (…) Cette décision a supprimé une sécurité de protection judiciaire de patients vulnérables. » Il craint que dans des situations où tout le monde est sous pression, les médecins et les proches des patients ne souhaitent l'arrêt des soins pour des raisons financières, psychologiques ou idéologiques.
Sources : The Guardian, BBC 5 Live