Le 3 mai 2024, le gouvernement fédéral belge a approuvé un projet d'arrêté royal octroyant un congé de circonstance de 2 jours ouvrables en cas de fausse couche. Ce nouveau congé destiné aux fonctionnaires du fédéral comblera le vide qui existait entre le début de la grossesse et les 180 jours à partir desquels il existe déjà des mesures spécifiques. Pour la première fois et de façon unique en Europe, le congé est destiné non seulement à la femme enceinte mais aussi à son conjoint.
« D’après des études, près de 30 % des femmes risquent de souffrir de stress post-traumatique un mois après avoir perdu leur enfant à naître. Je ne veux pas l'ignorer ». Cette réalité, soulignée par la ministre de la Fonction publique, Petra de Sutter, nécessitait une meilleure reconnaissance de la douleur des femmes et des couples confrontés à cette épreuve. Jusqu’à présent, les femmes qui subissaient une fausse couche avant 180 jours de grossesse (6 mois) ne bénéficiaient que d’un congé maladie (le congé maternité n’intervient qu’à partir de 6 mois de grossesse). Désormais, avant 180 jours, les fonctionnaires fédéraux pourront ajouter au congé maladie ce congé de circonstance de deux jours. Comme le reconnaît la ministre de Sutter, la durée de ce nouveau congé est « plutôt symbolique » et vise surtout à prendre en compte la douleur spécifique de la fausse couche.
Plusieurs critiques s’élèvent toutefois pour souligner le caractère incomplet de cette mesure, comme le fait qu’elle ne concerne, pour le moment, que les fonctionnaires fédéraux. De plus, dans l’optique de reconnaître la douleur causée par la fausse couche, il aurait été cohérent de rendre possible le congé de maternité avant 180 jours de grossesse. On regrette aussi que les parents ne puissent donner un prénom à l’enfant mort prématurément que si la fausse couche intervient après 140 jours de grossesse. Maud Vanwalleghem, ex-sénatrice, regrette quant à elle que ce dossier soit « retenu en otage » par le lien politique avec l’avortement. En effet, alors que ce congé vise à reconnaître la douleur de perdre un enfant à naître quel que soit le stade de la grossesse, plusieurs propositions de lois déposées à la Chambre depuis 2019 visent à allonger les délais de l’avortement de 12 à 18 semaines de grossesse. Une situation paradoxale dans laquelle le politique reconnaît d’un côté la douleur de perdre un enfant à naître quand il est désiré, mais ne propose aucune mesure pour prévenir l’avortement et ne dit rien de la douleur ressentie par les femmes qui y sont confrontées.