Parmi les 2 millions de français qui ignorent l'identité d'un de leurs parents, 70.000 sont des enfants conçus après don anonyme de gamètes.
Parmi ceux-ci, un nombre grandissant conteste aujourd'hui le caractère absolu du principe d'anonymat des donneurs, au nom du « droit de chacun à connaître ses origines ». Ils estiment que la question devrait tenir une place plus importante dans les débats organisés dans le cadre des Etats généraux de bioéthique.
Jean-Philippe Wolf, responsable du Centre d'étude et de conservation des oeufs et du sperme humains (CECOS) de l'hôpital Cochin, ne voit pas cette revendication d'un si bon oeil. Il rappelle que l'anonymat n'a pas été considéré en vue de « nuire aux enfants ou à leurs parents », mais bien au contraire pour « garantir la sérénité dans leur vie familiale, ainsi que celle du donneur ».
En effet, « la découverte de l'identité d'un donneur risque d'engendrer des situations potentiellement explosives, tant pour les familles des donneurs que pour celles des personnes conçues par don », écrivent dans Le Monde les cliniciens Geneviève Delaisi et Stéphane Viville. Ensuite, le principe d'anonymat encourage, voire conditionne, le don de gamètes. Une levée de cet anonymat ferait, selon Jean-Philippe Wolf, inévitablement hésiter et reculer bon nombre de donneurs potentiels, ce qui nuirait aux intérêts des couples en demande d'enfant…
Mais toutes ces considérations ne détournent-elles pas le débat du véritable bien de l'enfant ? interrogent certains.
Même si « des intérêts divergents peuvent entrer en conflit avec celui de l'enfant, le droit de connaître ses origines apparaît comme un droit fondamental, qui participe de la dignité humaine ». Géraldine Mathieu ( Dossier IEB ) soutient qu'il ne devrait être « limité que de manière exceptionnelle, et uniquement s'il existe un risque de préjudice grave pour autrui ».
Une éventuelle levée progressive de l'anonymat se doit néanmoins d'être encadrée. C'est pour cette raison que Geneviève Delaisi et Stéphane Viville plaident pour la constitution, en France, d'un organisme « jumeau » du Conseil national pour l'accès aux origines personnelles (CNAOP) qui s'occupe des enfants nés sous X.
Source : Journal du Médecin