France : extension du don de gamètes aux personnes n’ayant pas eu d’enfants

Publié le : Thématique : Statut du corps humain / Don de gamètes Actualités Temps de lecture : 1 min.

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Le 15 octobre 2015, Marisol Touraine, Ministre en charge de la Santé en France a pris un décret en application de la loi de bioéthique du 7 juillet 2011 afin d'élargir les conditions de don d'ovocytes aux personnes n'ayant pas eu d'enfants, alors que la loi limitait auparavant le don d'ovocytes aux femmes majeures jusque 37 ans et ayant déjà donné naissance à un enfant. Les hommes ont jusque 45 ans pour effectuer un don de sperme.

Le but de cette nouvelle mesure est d'accroître le nombre de Fécondations In Vitro Et Transfert d'Embryon (FIVETE) d'une part et d'élargir le pourcentage de chances de réussite des FIVETE car le taux de réussite augmente avec des donneuses plus jeunes qui produisent davantage d'ovocytes. Les derniers chiffres fournis par l'Agence de la Biomédecine (ABM) indiquent qu'en 2013, sur 797 tentatives, seuls 198 enfants sont nés. Près de ¾ des opérations ont donc échoué. Ainsi, il faut beaucoup de gamètes pour peu de chances de réussite. L'objectif du Ministère de la santé est officiellement annoncé à  « 900 donneuses cette année. »

Pour inciter les femmes au don, la loi offre à tous les donneurs la faculté de conserver leurs gamètes afin de les utiliser ultérieurement à des fins personnelles si nécessaire (autoconservation), au cas où une maladie ou une malformation interviendrait au cours de leur vie, les empêchant de procréer par eux-mêmes. Aujourd'hui, 95% des donneuses le font parce qu'elles ont connu un proche faisant face à de lourdes difficultés de procréation. Le Dr Karine Morcel, du CHU de Rennes, responsable d'un des 23 centres de conservation des oeufs et du sperme (CECOS) en France craint pour l'avenir une dérive du don d'ovocytes vers une « fausse assurance procréative ».

De nombreux médecins craignent une pression grandissante exercée à l'égard des femmes, alors que la procédure de don d'ovocytes est très lourde et exige souvent, outre les stimulations hormonales, une anesthésie générale. En outre, le glissement vers l'autoconservation des gamètes risque de dénaturer les dons et engendrer par la suite de nombreux problèmes annexes. Face à un tel élargissement des donneuses, qu'adviendra-t-il des femmes célibataires, ou en couple homosexuel ? La loi interdit formellement l'accès à l'PMA pour ces femmes. Mais qu'adviendra-t-il des femmes qui, par leur don d'ovocytes auront permis à une autre femme d'entamer une grossesse, sans pourvoir elles-mêmes profiter des mêmes prérogatives avec leur propre matériel génétique ?

En Belgique, une loi du 6 juillet 2007 permet le don d'ovocytes pour toutes les femmes majeures jusque 45 ans, sans autres conditions.

Source : Le Monde