Sur base des données relatives aux personnes euthanasiées en Belgique en 2015, dont l'utilisation anonymisée a été autorisée par la Commission fédérale de Contrôle et d'Évaluation de l'Euthanasie, le Dr Jan Bollen, du Centre Médical de l'Université de Maastricht, est arrivé à la conclusion qu'au moins 10% des personnes euthanasiées auraient pu donner au moins un organe.
Expliquant sa méthode de calcul dans une Lettre publiée dans le JAMA (Journal of American Medical Association, Avril 2017), le Dr Bollen affirme que, sur les 2023 personnes euthanasiées en Belgique en 2015, 204 étaient donneuses potentielles et que, sur 1.288 demandes d'organes en attente, 684 auraient pu être couvertes par le don d'une personne euthanasiée.
Le détail par organe figure dans le tableau ci-dessous.
Exclusion à cause de l'âge |
Exclusion à cause d'une maladie incompatible avec le don |
Nombre de dons potentiels |
|
Don de rein |
0 |
4 |
400 |
Don de poumons |
0 |
25 |
179 |
Don de foie |
125 |
4 |
75 |
Don de pancréas |
174 |
0 |
30 |
Total d'organes pouvant être donnés |
684 |
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Source : Jama April 11,2017. Volume 317, Number 14 |
Actuellement, en Belgique, près de 1.500 personnes sont en attente d'une transplantation d'organe, et des voix commencent à s'élever pour encourager le don d'organes après euthanasie. De même, le Pr Jean-Louis Vincent, intensiviste à l'hôpital universitaire Érasme à Bruxelles, affirme dans Le Journal du Médecin du 21 avril 2017 qu'il conviendrait d'encourager les DCD, c'est-à-dire les « Donation after Circulatory Death ». Dans ces cas de figure, les donneurs ne sont alors pas en état de mort cérébrale mais en « quasi mort cérébrale » ou « mort circulatoire. (…) Parfois, tout espoir de récupération d'une vie relationnelle est perdu mais le cerveau oedématié ne conduira pas à la mort cérébrale (…) ».
Dans le même article, le Pr Vincent mentionne que le prélèvement d'une personne à « mort non cérébrale » est une « option qui est maintenant d'application dans une dizaine de pays dont la Belgique pour les malades qui arrivent irrémédiablement en fin de vie mais dont certains organes au moins sont suffisamment sains pour être transplantés ».
Le Prof Vincent considère qu'il serait « hypocrite d'attendre les bras croisés que le coeur soit complètement arrêté, (NDLR. pour prélever les organes), alors que c'est bien l'évolution escomptée (…) Le résultat est évident : non seulement la qualité des organes prélevés est meilleure, mais « le nombre de donneurs – près de 300 cas de mort cérébrale par an en Belgique – peut être plus que triplé. »
Source : JAMA, Journal du Médecin