Le 26 juillet 2019 à Genève, l'Organisation Mondiale de la Santé a déclaré qu'il serait irresponsable pour le moment de procéder à des applications cliniques de la modification du génome germinal humain. Le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, estime que cette pratique pose des défis éthiques et techniques sans précédents.
Selon l'OMS, le développement des techniques de modification du génome humain met en exergue la nécessité d'établir au plus vite des normes strictes dans ce domaine. De nombreux scientifiques, associations ainsi que le Comité international de bioéthique de l'UNESCO avaient demandé un moratoire[1] sur ces pratiques.
Cette déclaration peut être perçue comme une forte réprimande à l'égard du chercheur chinois en biophysique He Jiankui. En effet, en novembre 2018, ce dernier annonçait la naissance de deux jumelles dont l'ADN avait été modifié grâce à la technologie CRISPR - Cas9[2]. Elles porteraient une mutation du gène CCR5 permettant de résister au VIH.
Aujourd'hui, les chercheurs ont donc la capacité d'intervenir à la racine même de la vie sur les cellules dites “germinales”. Or, nul ne connaît encore toutes les conséquences physiologiques de la modification du génome sur une personne et sa descendance, sans oublier l'impact psychologique qui pourrait se manifester lorsque la personne comprend qu'elle a fait l'objet d'une certaine programmation génétique.
Cette déclaration de l'OMS aura-t-elle l'effet moratoire et dissuasif escompté à l'égard des États concernés ? Bien que l'intervention n'ait pas de réel poids juridique, l'OMS invite déjà les Etats-membres à suivre ses recommandations, qu'elle prévoit de détailler dans les mois à venir.
[1]Moratoire : Interdit provisoire
[2]CRISPR - Cas9 : technique qui consiste à remplacer un gène. Il faut distinguer l'utilisation de cette technique sur des cellules somatiques défectueuses (déjà pratiquée) de son application sur des cellules germinales chez l'embryon (éthiquement contestable).