Ce mercredi 13 mars, dans la revue « Nature », un groupe composé de 18 scientifiques et éthiciens de renom réclamait un moratoire international sur l'édition de l'ADN héréditaire de l'homme (gamètes, embryons) afin d'éviter « de créer des bébés génétiquement modifiés. »
Cette demande fait suite au scandale qui a eu lieu en Chine après la naissance de petites jumelles dont l'ADN a été modifié pour les prémunir contre le SIDA (Voir Bulletin IEB).
Ce moratoire ne s'appliquerait pas dans le cadre de thérapie où la modification de l'ADN concerne les cellules somatiques (non-héréditaires). Les spécialistes ne souhaitent pas non plus « faire obstacle » à la recherche. Ainsi, les scientifiques pourraient continuer leurs expérimentations sur les gamètes et les embryons tant que cela ne débouche pas sur une naissance.
Le moratoire durerait cinq ans. Une durée qui devrait donner à la technique le temps de se développer et d'atteindre un niveau de « sécurité et d'efficacité » suffisant. Ce répit devrait aussi permettre de mener les débats scientifiques et éthiques essentiels et de pouvoir mettre en place un « cadre international ». Un cadre qui servirait surtout à surveiller la pertinence des décisions prises par les pays sur le sujet. En effet, le groupe désire que « les nations, tout en conservant le droit de prendre leurs propres décisions, s'engagent volontairement à ne pas approuver l'utilisation de l'édition clinique du génome à moins que certaines conditions ne soient remplies. »
Certaines personnalités du monde scientifique s'interrogent sur l'efficacité d'un tel moratoire et doutent qu'il soit respecté. La Chine n'avait-elle pas des lois sensées empêcher les dérives ?
De son côté, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis en place un comité d'éthique qui s'est réuni pour la première fois ces 18 et 19 mars à Genève. Elle devrait bientôt publier ses recommandations sur le sujet.
Source: letemps.ch, genethique.org, rtbf.be