Dans un entretien accordé au Telegraph le 23 janvier dernier, Rev Greenshields, un responsable religieux écossais, faisait part de sa crainte que la proposition de loi sur l’aide à mourir actuellement en débat en Écosse ne soit envisagée comme « une occasion de faire des économies » par le service national de santé écossais (NHS Scotland). La proposition de loi de Liam McArthur devrait être présentée cette année au Parlement écossais. Deux propositions de loi visant à légaliser l'aide à mourir avaient déjà été examinées puis repoussées en 2010 et 2013.
Prenant l’exemple du Canada où les critères pour accéder à l’aide médicale à mourir n’ont cessé d’évoluer depuis 2016, Rev Greenshields souligne la difficulté de circonscrire une telle pratique à certains cas dès lors qu’elle est légalisée. Il remarque que des considérations budgétaires s’invitent inévitablement dans les débats pour étendre toujours plus cette pratique qui transforme en profondeur le rapport à la vulnérabilité. La fin de vie apparait alors démesurément coûteuse lorsque des solutions plus rapides comme le suicide assisté sont proposées. Dans ce contexte, on peut se demander en effet si les patients en fin de vie ou les personnes dépendantes oseront encore demander une prise en charge médicale comme les soins palliatifs sans se sentir un poids pour la société.
Comme le souligne Rev Greenshields, encadrer cette pratique semble impossible : « l’acceptation par la société de la légalisation de l’aide à mourir transforme profondément les relations, non seulement entre les professionnels de santé et les patients mais aussi au sein des familles ». Les demandes d’élargissements de l’euthanasie constatées en Belgique comme dans les autres pays ayant dépénalisé cette pratique montrent en effet que, lorsqu’une transgression est légalisée, les limites posées par la loi sont rapidement repoussées. Et l’impact est majeur, c’est en effet toute la société qui est bouleversée dans son rapport à la maladie, à la dépendance et à la mort.
NB : En Belgique où l’euthanasie est dépénalisée depuis 2002, l’encadrement de la pratique a déjà évolué et continue de tendre vers toujours plus de permission (voy. Dossier IEB : L’euthanasie, 20 ans après - Pour une véritable évaluation de la loi belge). Depuis 2014, les mineurs peuvent être euthanasiés. Chaque année, on recense plusieurs dizaines d’euthanasies de patients souffrant d’affections psychiatriques telles que la dépression ou l’autisme. Et déjà, certaines voix s’élèvent pour élargir encore l’accès à l’euthanasie aux personnes atteintes de démence qui en auraient fait la demande par déclaration anticipée.