Le Comité national de bioéthique d'Italie a livré ses réflexions sur la question de la légalisation du suicide assisté. Enième intervention dans le débat qui agite l'Italie depuis un an (voir Bulletin de l'IEB), son avis aura certainement du poids dans les discussions parlementaires des prochains mois.
Au sein du Comité, les positions divergent : 11 membres s'opposent à une éventuelle autorisation, même sous conditions, du suicide assisté. Leurs motifs sont autant éthiques que juridiques. 13 autres membres se sont exprimés en faveur de la légalisation du suicide assisté et ont énuméré les conditions qu'ils verraient dans la loi. Enfin, 2 autres membres conseillent de ne pas franchir le pas de la légalisation étant donné le risque bien connu de la « pente glissante », qui mènerait à une situation où le respect des conditions pour obtenir le suicide assisté deviendrait incontrôlable.
Parmi les trois membres qui ont déposé une opinion dissidente à l'avis, en tout ou partie, le Prof. D'Agostino a regretté que le Comité se cantonne à un texte descriptif des faits et points de vue (doxographique) sans adopter une position véritablement éthique.
Le Comité est néanmoins parvenu à établir des recommandations partagées par tous ses membres : il rappelle que le sujet en question est éminemment délicat du fait qu'il touche à la conscience humaine, et qu'il nécessite une étude approfondie et sans précipitation ; selon l'avis, il primordial de d'abord fournir des soins adéquats aux personnes souffrant de maladies incurables (rendre plus homogène l'accès aux soins palliatifs) ; les citoyens doivent aussi recevoir toutes les informations nécessaires sur l'accès aux soins palliatifs.
L'avis met également en garde contre les raisons économiques qui pourraient motiver l'autorisation du suicide assisté : « Dans une société caractérisée par un vieillissement constant et progressif de la population et la nécessité de limiter les coûts des soins de santé, la légalisation du suicide médicalement assisté, qui serait initialement envisagée pour quelques cas douloureux et exceptionnels aujourd'hui, pourrait pousser la société à entrevoir des avantages économiques possibles face à la disparition des soins qui seraient fournis, et qui sont pourtant indispensables pour garantir une existence digne aux personnes concernées. »
Il invite à prendre en considération les conditions de souffrance, d'angoisse, de dépendance et parfois de dépression ou de confusion qui prévalent chez les personnes désirant mourir, pour éviter qu' « au nom d'une volonté du patient supposée autonome et informée, on ouvre la porte à l'abandon des personnes considérées comme «marginales», non productives, dépendantes et coûteuses, alors qu'elles ont justement besoin d'un soutien solidaire. »