En cette période électorale où s'alignent les programmes pour la prochaine législature, les militants pro euthanasie font pression pour autoriser l'euthanasie des personnes démentes.
Une pétition a déjà recueilli plus de 45.000 signatures d'après le Levens Einde Informatie Forum (LEIF) où elle est hébergée. Le Prof. et président de la Commission de contrôle de l'euthanasie Wim Distelmans avec 139 autres militants l'ont lancée le 7 mai dernier. Ils plaident pour que les personnes se trouvant à un stade avancé de démence ou d'autres formes d'incapacité de discernement, soient euthanasiées, selon la demande qu'elles en auraient faite auparavant.
« D'ici 2035, il y aura deux fois plus de personnes démentes ; l'adaptation de la loi doit figurer à l'agenda politique. » Les pétitionnaires déclarent que les thérapies en matière d'Alzheimer ne seront pas prêtes dans un futur proche, et voient donc l'euthanasie comme une solution incontournable face à la multiplication des cas de démence.
Un tel constat a de quoi surprendre, quand on voit les récents progrès de la médecine dans la compréhension des mécanismes de la maladie. Les espoirs pour éradiquer cette maladie sont bien réels. A ce propos, le Prof. Bernard Hanseeuw, chercheur et neurologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc, est invité ce lundi 20 mai par la Fondation Saint-Luc à donner une conférence intitulée « Pourquoi et comment vaincre Alzheimer ».
Comme pour les patients psychiatriques, se pose la question de la capacité de discernement que possèdent les personnes atteintes de démence au moment où le médecin provoque leur mort. L'importance de cette capacité est telle que dans ses récentes Directives déontologiques pour la pratique de l'euthanasie des patients psychiatriques, l'Ordre des médecins rappelle que pour obtenir l'euthanasie, le patient doit être doté non seulement de la capacité de discernement (ne pas être jugé incapable de discernement par décision de justice), mais encore d'une capacité effective « à exprimer sa volonté ou à être conscient des actes qu'il pose ». Cette « capacité effective » est une situation de fait qui doit être appréciée par le médecin qui pratique l'euthanasie.
Proposer l'euthanasie comme « traitement ultime » à ces pathologies ne risquerait-il pas de décourager l'accompagnement des personnes atteintes de démence et la recherche médicale pour soigner ces pathologies ? La mort est-elle la réponse à apporter à ces personnes qui, comme Inez dans une vidéo de promotion de la pétition, déclare : « [Ma situation] est une charge pour mes enfants et pour mes proches. C'est un gros coût pour la société. Je ne trouve pas cela justifié. » Et c'est pourquoi, elle demande à être euthanasiée...
Source : DeMorgen; leif.be; ordomedic.be