« Tous les professionnels de la santé impliqués dans le soin des patients ont l'obligation de respecter la volonté, les valeurs, croyances et préférences de ceux-ci dans la prise de décisions médicales.(…) Ils doivent s'abstenir d'imposer des critères d'action basés sur leurs propres croyances ou convictions personnelles », stipule la proposition de loi sur la « mort digne » (muerte digna), adoptée le 21 décembre 2018 par le Congrès des députés en Espagne.
Pour garantir une fin de vie « digne », ce texte érige l'autonomie et le respect de la volonté du patient en principe absolu, disqualifiant ainsi la lex artis ou bonne pratique médicale (au lieu de concilier les deux principes) et ne laissant aucune place à la personne du soignant doté, lui aussi, de conscience. Les institutions de soins, aussi bien publiques que privées, auraient quant à elles la responsabilité de s'assurer que la volonté des patients ne soit pas contrariée par l'agir de leurs équipes soignantes.
Ceci est d'autant plus problématique que le texte ouvre la porte à l'euthanasie par omission de soins de base : selon la proposition, le patient a le droit de refuser tout « traitement, intervention ou procédure proposées par les professionnels de la santé, en ce compris les moyens de support vital (…) ce qui impliquera nécessairement l'interruption du ladite intervention, même si cela peut mettre en péril sa vie ». Ici, le texte ne fait pas la distinction entre le retrait d'alimentation et d'hydratation si elles sont disproportionnées, ou si elles sont proportionnées. Or, dans le dernier cas, il s'agit bien d'une euthanasie par omission (de soins de base). La proposition se conforme ainsi aux deux cas d'euthanasie par retrait d'alimentation proportionnée de Ramona Estevez en Andalousie et d'Andrea Lago en Galice. (Lire la suite)