Depuis 2012, année de dépénalisation de l'euthanasie aux Pays-Bas, 23 personnes ont autorisé les médecins à prélever leurs organes après leur mort provoquée par euthanasie. (Voir Bulletin de l'IEB 04/05/2016)
Malgré le caractère marginal de cette pratique, il fallait en organiser les modalités selon des règles « éthiques » bien strictes. À la demande de la Ministre de la santé Edith Schippers, professionnels de la santé, associations de patients, éthiciens et proches de patients ont donc contribué à l'élaboration de ces directives organisant le don d'organes après euthanasie (Richtlijn orgaandonatie na euthanasie). C'est la Fondation néerlandaise de transplantation (Nederlandse Transplantatie Stichting, NTS) qui a financé le travail de rédaction et de consultation des diverses associations et parties prenantes. Elle vient de remettre officiellement le fruit de ce travail à la Ministre.
Les directives insistent sur l'autonomie du patient dans sa décision de donner ses organes. Elle doit émaner spontanément du patient sans lui être suggérée. A noter que le respect de cette condition est difficilement vérifiable. Le patient doit également répondre à toutes les conditions de l'euthanasie qui seront vérifiées par un médecin extérieur, appelé le « médecin-SCEN » spécialiste de l'euthanasie.
Ensuite, afin que les organes soient prélevés dans de bonnes conditions, le décès par euthanasie, même si la mort est provoquée par le médecin de famille, devra avoir lieu à l'hôpital. Un médecin hospitalier, n'ayant pas de lien avec le service de prélèvement des organes, devra vérifier la conformité de la procédure d'euthanasie avec la possibilité d'un prélèvement rapide. Un médecin légiste devra être sur place pour constater la cause de la mort et établir l'acte décès immédiatement.
Le corps sera ensuite emporté immédiatement en salle d'opération ou l'équipe de prélèvement aura besoin de deux à quatre heures pour effectuer son travail. Plusieurs éthiciens ont souligné que ce transfert rapide risque d'empêcher les proches de faire leurs adieux et de retarder le deuil.
Les directives validées sont contraignantes pour l'ensemble des médecins et hôpitaux des Pays-Bas. Tout est donc désormais mis en place pour faciliter le prélèvement d'organes sur des personnes décédées par euthanasie.
Le nombre d'euthanasies aux Pays-Bas s'élève à 5500 pour 2016. Même si les malades du cancer ne peuvent donner leurs organes (70% des personnes euthanasiées), les personnes atteintes de sclérose en plaques, de la maladie de Charcot ou d'autres maladies neurologiques sont par exemple directement concernées par les nouvelles directives.
Le Dr Gert van Dijk, qui a participé à l'élaboration des textes, estime que grâce à ces nouvelles directives, le nombre d'organes disponibles post-mortem aux Pays-Bas devrait être doublé.