En Allemagne, le ministre de la Santé Jens Spahn (CDU) doit lutter contre les conséquences d'un arrêt ouvrant la voie au suicide assisté. Depuis que la cour de Leipzig a reconnu « le droit pour un patient dont la maladie est incurable et la souffrance insupportable, de décider comment et quand finir sa vie », l'Institut fédéral pour les médicaments et dispositifs médicaux (BfArM) a reçu 123 demandes pour acheter des produits létaux de la part de personnes voulant se suicider.
En juin 2018, le Ministre de la santé avait sommé l'agence fédérale de ne pas permettre aux personnes d'acquérir ces doses létales. L'agence en aurait déjà rejeté 93, et 22 candidats seraient décédés pendant leur attente. Aucune demande n'a encore été validée.
Le ministre-adjoint de la santé, Lutz Stroppe, avait adressé par la suite un courrier à l'agence, insistant sur la gravité d'un soutien étatique au suicide : « Ce ne peut être le rôle de l'Etat de soutenir activement des actions suicidaires en donnant la permission officielle, administrative, d'acheter des produits suicidaires particuliers. (…) Le suicide ne peut être considéré comme une thérapie », disait-il.
Eugen Brysch, président de la Fondation Allemande pour la Protection du Patient, a soutenu la position du gouvernement, rappelant que « le parlement allemand a clairement établi que le suicide ne pouvait être offert de façon organisée ». En 2015 en effet, après avoir été plongé dans un débat sur l'euthanasie, le parlement allemand a voté une loi interdisant l'assistance commerciale au suicide assisté, « commercial » étant entendu comme le comportement répété, organisé et lucratif de sociétés ou d'individus. Depuis lors, la personne qui se livre à ce type de commerce est passible de peines allant jusqu'à 3 ans d'emprisonnement.
Du côté des médecins, l'Association médicale allemande énonce comme principe que l'assistance au suicide par un médecin ne relève pas de la pratique médicale. Par contre, la loi allemande ne punit pas l'aide au suicide par un proche de la personne suicidée.
Sources : Deutsche Referenzzentrum für Ethik in den Biowissenschaften (DRZE), Tagespeigel, Deutsche Welle.