Aux Pays-Bas, près de 450 médecins ont signé une pétition demandant d'interdire l'euthanasie de patients déments. Même dans le cas où ces derniers ont rédigé une déclaration anticipée d'euthanasie, il se peut qu'ils ne puissent plus, au moment de l'injection létale, exprimer clairement leur souhait qu'on provoque leur mort, ou qu'ils ne réalisent pas la portée irrémédiable de l'acte du médecin.
Parmi les initiateurs de cette pétition, le Dr Boudewijn Chabot, spécialiste en gériatrie, qui, avec ses confrères, estime que la personne doit pouvoir clairement confirmer son désir d'être euthanasiée au moment même et qu'il y a des limites que le médecin ne peut franchir face à un patient dément et désorienté.
Un groupe de 34 médecins avaient déjà fait paraître une opinion en ce sens dans le Volkskrant du 21 janvier dernier. « La culture autour de l'euthanasie est en train de changer », souligne le Dr Schuurmans, l'un des initiateurs de la pétition en ligne.
« L'impact de la déclaration anticipée est devenu tellement déterminant ! » Selon lui, les médecins sont soumis à de réelles pressions dans une culture où la notion de souffrance intolérable domine et régente la réflexion lors d'une demande d'euthanasie. Or, selon ces médecins, il est essentiel d'obtenir du patient une parole ou un geste, confirmant la volonté expresse de disposer de sa vie.
Cette forte réaction des médecins survient au moment même où la presse relate l'euthanasie d'une femme de 80 ans atteinte de démence avancée, et que son médecin a endormie à son insu avant de provoquer sa mort par injection létale, en présence de sa famille.
Avant son affection et lorsqu'elle était consciente, la patiente avait préparé une déclaration anticipée d'euthanasie et avait exprimé oralement ses volontés. Toutefois, par après, cette confirmation n'a plus jamais été émise. Au contraire, elle avait plusieurs fois explicitement affirmé son désir de ne pas mourir.
C'est donc sur seule décision du médecin que la personne a été euthanasiée dans un état de démence avancé. La RTE (Commission régionale d'évaluation) qui étudie les dossiers d'euthanasie quant à leur conformité à la loi dépénalisant l'euthanasie, admet qu'il y a eu des « irrégularités et que la médecin doit être réprimandée ». Le dossier a été aussi transmis au Tribunal à qui la RTE a demandé de ne pas condamner la praticienne car elle avait agi « de bonne foi ».
Le dossier est toujours à l'instruction au Parquet.
Cette affaire est révélée alors que la loi sur l'euthanasie est en passe d'être de nouveau étendue pour autoriser l'euthanasie de toutes les personnes de plus de 75 ans qui jugeraient que leur vie est « complète ».
Sources: Trouw - The Daily mail, Giulia Crouch (28/01/2017)
Fiche didactique : Qu'est-ce qu'une Déclaration anticipée ?