La perte d'un enfant autour de sa naissance peut s'avérer d'autant plus difficile à traverser pour les parents que le deuil périnatal est encore peu reconnu dans notre société. Et pour cause : les parents sont parfois les seuls à avoir vu l'enfant ou senti sa présence, voire la mère uniquement lorsque l'enfant décède durant la grossesse. Ainsi, il peut arriver que les soignants ou les proches n'accordent pas toute la place nécessaire à ce deuil très particulier.
Les professionnels de la santé se trouvent parfois démunis lorsqu'ils doivent annoncer une pathologie grave ou le décès du bébé. Leurs gestes et mots ont pourtant toute leur importance dans l'accueil de la souffrance des parents. Consciente de leurs besoins, la thérapeute Hélène Gérin a mis sur pied une nouvelle formation pour les soignants qui accompagnent les parents dont le bébé décède : sages-femmes, infirmiers-ères, gynécologues, échographistes, pédiatres, thérapeutes, doulas etc. La formation se déroule sous forme de 8 modules menés par Hélène Gérin et 4 interviews d'acteurs de terrain, que les participants peuvent suivre à leur rythme. Elle leur propose des repères par rapport au deuil périnatal (le vécu des parents, leurs besoins), des bonnes pratiques et des outils concrets (que dire/ne pas dire et que faire, avec quels gestes), des pistes de réflexion personnelle. Pour Hélène Gérin, cette formation est le complément naturel de son dernier livre « Dans ces moments-là » (Ed. Bookelis, 2019), destiné à accompagner les parents et leurs proches dans la perte d'un bébé. Les nombreuses rencontres qu'elle a pu faire en écrivant ce livre lui ont fait voir combien l'attitude des soignants dans ces moments douloureux pouvait aider les parents ou au contraire les enfoncer dans leur tristesse.
De telles initiatives autour du deuil périnatal sont certainement à mettre en valeur et contribuent à lever le tabou autour de la perte d'un bébé, que celle-ci survienne par fausse couche, pendant ou encore après la naissance. Savoir écouter, accueillir la souffrance, peser l'importance que revêtait l'enfant et le projet qui l'accompagnait, est une voie de guérison pour les parents. La reconnaissance de cette « présence perdue », c'est aussi ce que vise la nouvelle loi belge qui permet aux parents d'enregistrer une déclaration d'enfant né sans vie à partir de la moitié de la grossesse (Voir à ce propos le Bulletin de l'IEB).
Mentionnons par ailleurs, toujours dans l'idée de faire une place au bébé décédé et au deuil de ses parents, l'émergence progressive des soins palliatifs néonataux. Après de multiples rencontres avec des soignants belges, l'association française SPAMA (Soins Palliatifs et Accompagnement en Maternité) possède désormais une antenne bruxelloise qui propose des groupes d'entraide, des suivis téléphoniques ou présentiels, et qui sensibilise les soignants aux bienfaits des soins palliatifs pour les tout-petits et leur famille.