Les grossesses pour autrui (GPA) présentent davantage de risques pour la femme

Auteur / Source : Publié le : Thématique : Début de vie / Gestation pour autrui Actualités Temps de lecture : 3 min.

 Imprimer

En comparaison aux grossesses « spontanées » (hors cas de GPA), les grossesses « pour autrui » présentent davantage de complications et de risques élevés pour la santé de la femme, et ce indépendamment de son âge ou du nombre de grossesses qu’elle a déjà eues. C’est ce que montre une étude menée par le Center for Bioethics and Culture et parue en juillet dernier dans la revue scientifique Dignity, une publication consacrée à l’analyse des phénomènes d’exploitation et de violence.

Au total, 96 femmes américaines ayant vécu à la fois une ou des grossesses « pour elles-mêmes » et une ou des grossesses « pour autrui » ont répondu à l’enquête. Il en ressort différents constats préoccupants :

  • Une grossesse pour autrui a trois fois plus de risques de finir par une césarienne qu’une grossesse normale. Cela s’explique notamment par le fait que certains contrats de GPA internationaux planifient une césarienne pour que les parents d’intention puissent assister à la naissance de l’enfant. L’une des participantes à l’enquête en témoigne : « Ils veulent une césarienne comme ça ils peuvent être là ; c’est pratique. » On sait pourtant que la césarienne est une solution médicale de dernier recours ; car il est plus difficile pour une femme de s’en remettre que d’un accouchement par voie basse. La science nous montre aussi de plus en plus que ce n’est pas l’idéal pour l’enfant.

  • Une grossesse pour autrui a 5 fois plus de risques de se terminer prématurément qu’une grossesse normale. Le bébé naît donc souvent plus tôt que son terme naturel.

  • Les femmes ayant vécu une GPA présentent un risque significativement plus élevé de faire une dépression postpartum. « Ces femmes rentrent chez elles après l’accouchement, les bras vides, les seins remplis, et avec des variations hormonales importantes propres à la période du postpartum », explique l’étude. Le fait de ne pas pouvoir allaiter le bébé s’avère particulièrement difficile pour certaines : « Tirer mon lait a été plus dur que la grossesse de substitution. C’était très difficile pour moi émotionnellement. C’est difficile de tirer quand le bébé n’est pas physiquement présent. (…) Je tirais pour eux. J’avais un besoin très fort de la nourrir et de prendre soin d’elle. »

  • Le taux de problèmes de santé chroniques post-GPA s’avère plus important pour les femmes de couleur que pour les femmes blanches.

Ajoutons que pour tomber enceinte, ces femmes doivent nécessairement passer par une fécondation in vitro, et donc subir des traitements hormonaux pour optimiser les chances d’implantation de l’embryon. L’enquête a révélé que ces traitements entraînaient des effets secondaires tels que des sautes d’humeur (pour plus de la moitié des participantes), des maux de tête (44%), une prise de poids avant-même d’être enceinte (16%).

Par ailleurs, ces femmes se sont senties davantage respectées pendant leurs grossesses « spontannées » que leurs grossesses pour autrui.

Les raisons économiques ont un poids prépondérant dans la décision d’être mère porteuse pour ces femmes qui ont gagné entre 0 et 80.000 dollars pour leur GPA (37.000$ en moyenne). Plus de la moitié des femmes interrogées ont payé leurs dettes ou leurs factures grâce à l’argent perçu par leur grossesse pour autrui. « Je ne l’ai pas fait parce que j’étais un ange. Nous avons remboursé beaucoup de dettes contractées par carte de crédit. », explique une femme. L’étude montre que plus la situation financière de la femme est compliquée, plus la femme est encline à prendre des risques pour sa santé, et visée par ceux qui cherchent à l’exploiter. « Il est évident que plus de recherches sur les considérations financières et la contrainte auraient dû être menées avant d’ouvrir un marché sur le ventre des femmes », remarquent les chercheurs.

Ces différents résultats posent question par rapport à l’aspect éthique de la GPA, conclut l’étude. Alors que les Etats-Unis affichent des résultats peu glorieux en termes de morbidité et de mortalité maternelle en comparaison à d’autres pays développés, le fait qu’ils représentent une plateforme clé pour le tourisme de la GPA n’y améliore certainement pas la santé maternelle.