Covid-19 : quel impact sur la bioéthique ?

Publié le : Thématique : Début de vie / Avortement Actualités Temps de lecture : 2 min.

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En pleine crise du coronavirus, notre société connait de nombreux bouleversements. Le domaine de la bioéthique n'échappe pas à l'impact du COVID-19.

Les débats actuels en matière bioéthique portent principalement sur l'interprétation de la notion d'urgence, qu'il s'agisse de procréation, d'avortement ou d'euthanasie.

En ce qui concerne l'avortement, la plupart des centres de planning familial situés en Belgique gardent leurs portes ouvertes, à tout le moins pour la pratique de l'avortement. Ces centres considèrent en effet que l'avortement fait partie des services essentiels dont la fourniture doit pouvoir être assurée de manière continue.

En France, la pratique de l'avortement est maintenue, celle-ci ayant été classée par le ministère des Solidarités et de la Santé dans la catégorie des « soins urgents » qui doivent être assurés malgré le coronavirus. Les consultations se font désormais uniquement sur rendez-vous. Les entretiens d'accompagnement psychologique semblent quant à eux suspendus.

Par ailleurs, tant en Belgique qu'en France, les centres indiquent favoriser l'avortement médicamenteux par rapport à la méthode chirurgicale, afin d'éviter au maximum les contacts rapprochés entre médecins et patientes. L'expulsion de l'embryon survient alors 2 jours après la consultation, lorsque la femme est chez elle, bien souvent seule. On peut imaginer combien l'isolement dû à la pandémie mais aussi la solitude au moment de l'avortement doivent ajouter à leur détresse.

Un membre du Collège national des gynécologues obstétriciens français, Cyril Huissoud, précise même que l'« on maintient au maximum cette activité qui est considérée comme prioritaire». Si une patiente est atteinte du coronavirus et se retrouve de ce fait hors délai légal car elle a dû reporter son avortement, « son intention de départ sera évidemment prise en compte. Le CNGOF veillera à ce qu'elle puisse être prise en charge conformément à son choix initial ».

La sénatrice française Laurence Rossignol considère quant à elle que la situation actuelle justifie que les délais légaux pour avorter soient allongés d'office de deux semaines. Celle-ci demande également que l'obligation d'une deuxième consultation pour les mineures soit supprimée. La sénatrice a donc déposé un amendement au projet de loi « Urgence COVID-19 ». Cet amendement a toutefois été rejeté par le gouvernement, lui laissant peu de chance d'être adopté. L'organisation « Le Planning familial », qui pratique des avortements au sein de ses nombreux centres, souhaiterait qu'il soit possible, dans ce contexte, de pratiquer une IMG pour des raisons psychologiques. La question reste à ce jour sans réponse.

Les pharmacies françaises sont quant à elles invitées à continuer à remettre les pilules contraceptives, sans demander de nouvelles prescriptions médicales. La présentation de la dernière ordonnance réalisée par le médecin suffit.

En ce qui concerne la PMA, la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie (ESHRE), basée en Belgique, estime qu'il est préférable de retarder toutes les interventions en la matière, étant donné les risques que pourraient induire certains traitements contre le coronavirus pour la femme enceinte et pour l'enfant (risque d'accouchement prématuré). Les changements immunologiques et physiologiques dus à leur grossesse rendent celles-ci plus vulnérables ; de même, les infections virales respiratoires pourraient entrainer plus de complications chez les femmes enceintes.

Au Pays-Bas, l'Expertisecentrum euthanasie, seule clinique spécialisée dans l'euthanasie, a annoncé sa fermeture temporaire « dans l'intérêt de la santé publique, des patients, de leurs proches et des employés du centre d'expertise ». La clinique n'admet plus de nouveau patient, celle-ci considérant que l'euthanasie n'est pas une priorité absolue dans le contexte actuel.

Enfin, notons que le don de corps à la science est pour l'instant impossible en Belgique, en raison des mesures sanitaires.

A plusieurs reprises reviennent donc les termes d' 'urgence' ou de 'priorité'.  Le contexte pandémique, avec ses dizaines de milliers de contaminés et ses milliers de morts, pose de lui-même la question de savoir si l'avortement, l'euthanasie ou la PMA constituent des priorités. L'exemple de la clinique Euthanasia Expertise Center nous montre que la priorité absolue est la santé publique, à travers la fourniture de véritables soins de santé.

 

Crédits photo : Philafrenzy